Chroniques littéraires

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Flamingo de Larry Baker, Editions Pocket

En nous dépeignant le portrait d’une famille haute en couleurs dans le cadre d’un cinéma drive-in en Floride, Larry Baker nous plonge dans le climat magique de l’Amérique des années 60. Mais l’œuvre de ce professeur d’histoire et de littérature ne saurait se limiter à un quelconque cliché : l’histoire nous est dévoilée par le biais des souvenirs d’un homme d’une quarantaine d’années qui se remémore sa jeunesse et plus particulièrement l’été de ses seize ans, où tout dans sa vie a basculé.

L’originalité vient de ce que le lecteur n’est presque pas sollicité, le narrateur nous offrant un dialogue entre lui et sa conscience, sa mémoire. En découle une sensation d’intimité authentique, pleine d’humour mais néanmoins poignante et dramatique parfois. L’ingéniosité d’une telle narration entraîne, de plus, outre l’apparition, au fil des pages, d’une certaine fatalité grandissante, des passages de certains événements sous silence et des sauts dans le temps, qui peuvent agacer ou donner l’impression qu’on n’en sait jamais assez ; mais si au début l’on se surprend à douter de la complicité du narrateur à l’égard du lecteur, en avançant dans le livre c’est le contraire qui se dessine, et l’on réalise alors qu’on en sait peut-être autant que le narrateur lui-même quant à la signification de son existence.

En se laissant entrer dans la confidence d’Abraham Isaac Lee, le fils du père du plus grand drive-in du monde, et par-là dans celle du système complexe qui gravite autour de cet univers, on ne peut que se laisser captiver à son tour et se retrouver ainsi à graviter autour du Flamingo, entraîné par la folle danse des passions, de l’amour et du destin.

C.B.

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