chroniques littéraires
Tigre en papier de Olivier Rolin, Seuil |
A la recherche du temps perdu. La quatrième de couverture annonce clairement la couleur, Tigre en papier propose aux lecteurs un étrange voyage dans le temps, à une époque où « Internet n’existait et où l’on croyait dur comme fer à la Révolution ». Martin mène Marie, la fille de son meilleur ami et compagnon de lutte, sur les voies d’un périphérique surchargé de panneaux publicitaires, sur les traces de son père qu’elle n’a pas connu, surnommé Treize par toute la bande de copains. Ainsi défilent sous nos yeux, le combat plus ou moins discutable de jeunes gens dévoués à « la Cause », car Dans Tigre en papier, il n’y pas d’individualités (« L’individu nous semblait négligeable, et même méprisable. Treize, ton père, mon ami éternel, c’est l’un des nôtres. ») mais des destins entremêlés comme les brins d’une pelote, une galerie de portraits originale, de jeunes gens plus ou moins bercés par une violence romantique, un peu à la manière des enfants du siècle de Alfred de Musset, frustrés de n’avoir pu participer à la Résistance des années 40. Derrière une nostalgie quelque fois trop appuyée, Olivier Rolin effectue par le biais de ce roman son autocritique ironique. Il est amusant de constater les débats rhétoriques autour de la constitution de simples tracts, l’amateurisme de ces jeunes gens (il a peut être épargné à la France ses années de plombs) ainsi que l’opposition patente avec « les prolétaires », les ouvriers massivement communistes. (les héros du livre soutiennent les dissidents chinois). Malgré l’usure du temps et les reconversions, « formidable trompe-l'œil pour dissimuler ses privilèges », Olivier Rolin convoque pour une dernière danse, ses anciens compagnons d’âmes, une tentative de revivre des exaltations passées à jamais disparues, car ironie du sort, ils sont devenus à leur tour des tigres en papier. D’où les références explicites et nombreuses à Marcel Proust même si le temps semble définitivement perdu, … … figé sur les rivages du Mékong où le père de l’écrivain, compagnon de la libération, trouva une mort sans gloire lors de la guerre coloniale. A travers, le deuil de Marie apparaît celui de l’auteur, celui qui détermine toute une vie. Editions Seuil (Fiction & Cie), 267 pages, 18 euros J.H.D.
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