chroniques de disques
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Rien "Requiem pour des baroqueux" (Un Dimanche) |
Certains de nos lecteurs savent peut-être déjà qu'une partie de l'équipe PurJus a
un temps discrètement sévi sur les ondes de Campus Grenoble 90.8 FM. Durant cette
période ils nous a été donné l'occasion de côtoyer quelques membres du collectif RIEN et j'admets que longtemps je ne voyais dans leurs happenings qu'une grosse farce, certes rafraîchissante mais dispensable. Les bruits des coulisses évoquaient
la distribution de crêpes pendant les concerts, moi-même je l'ai vu tenter de faire
chanter un poisson rouge -- vexé, timide, nerveux ou tout simplement muet, le pauvre
n'avait sorti aucun son. Et puis, un soir ils invitent les Grenoblois au Ciel pour
un concert lumineux : faisant fi des conventions de la scène rock, ils avaient délivré
un spectacle minutieux, grandiloquent, scindé à mi-parcours par un judicieux entracte.
"Les observateurs" qui n'avaient peut-être jusqu'à présent que fantasmé le phénomène
RIEN se sont rendu compte que l'expérience était assez unique. Suite à ça, Yugo et
les siens envisagent naturellement de graver l'œuvre du moment sur un autre support
que nos mémoire de spectateurs. Mon scepticisme me faisait appréhender cette fixation
sur galette polycarbonateée… Ca m'apprendra ! Car il y a de cela quelques semaines (bon en fait 2 mois, pardon pour le retard Yugo) ce Requiem pour des baroqueux m'arrive par la poste et mon doigt fébrile tremble sur la touche ">". Et d'emblée je me laisse embrigadé dans cet univers tortueusement loufoque empruntant aussi bien à l'imagination hallucinatoire d'un Lewis Carroll qu'aux mises en scène d'un Terry Gilliam. Les références cinématographiques sont d'ailleurs nombreuses, autant dans les petits textes sur la genèse de chaque morceau qui accompagne le CD que dans la musique : l'introduction du "Requiem pour des baroqueux. Part 1" pourrait bien être une contre-pied décadent à celle de 2001: odyssée de l'Espace, et à plusieurs reprises j'imaginais Sam Lowry de Brazil combattant le Samouraï ou ses démons libidineux. Oserai-je aller jusqu'à dire que RIEN à pondu un (ba)rock-opéra pompeux ? C'est sans doute exagéré voire faux étant donnés les indices d'un second degré en fil d'Ariane le long des 7 titres (les samples de la série Dallas, le kazoo pendant le finale de "Requiem pour des baroqueux. Part 2"). Vous comprendrez que ce disque est difficilement catégorisable et vous lirez ailleurs dans la presse des termes comme "post-rock", "dub", "folk", "musique de film", j'en passe et des meilleurs. Sachez simplement que les titres sont de longueur très variable, souvent en plusieurs actes, majoritairement instrumentaux ("Stare Mesto" s'octroie le phrasé disons particulier du grenoblois Jul), électriques et atmosphériques. A mon sens Requiem pour des baroqueux s'écoute d'une traite, voire 2 avec un possible entracte (tiens donc) à la frontière de "Stare Mesto". RIEN ne cherche pas comme certains à intellectualiser ou pire politiser son propos (suivez mon regard). Et même si le projet est clairement conceptuel (le chiffre 7, la notion de spirale, il était question de sortir le disque le 03/03/03) c'est sans doute pour canaliser et cadrer le fourmillement des idées du collectif -- à moins que ce ne soit, comme pour je pense le choix du nom du collectif/groupe, pour faire frétiller les journalistes avides de jeux de mots et circonlocutions métaphorico-analytiques telle que celle-ci. RIEN ne révolutionne sans doute pas la musique en ce sens que vous aurez peut-être l'impression d'avoir déjà entendu ces spoken-words et autres samples, mais l'ensemble est rudement bien mené et exécuté. RIEN a jubilatoirement jeté un pavé cubique (le packaging est une vraie réussite) dans la marre aux canards des cérébraux de la musique rock. Un RIEN vaut mieux que 2 Spinoza. D'ailleurs, ils ne s'y sont pas trompés : - lesinrocks.com - PopNews.com - une pleine page dans Magic! du mois de mai Le site du label Un Dimanche : www.undimanche.fr.st
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