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Encre

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J'ai cru comprendre que vous alliez jouer quelque dates à l'étranger et en Espagne en particulier. Comment est-ce que tu penses que le public va accueillir les textes en français, vu le sens qu'ils ont ?
Je sais pas. On n'est pas dans un domaine complètement inconnu quand on va faire ces choses là. La première date qu'on va faire à Barcelone, ce sera en première partie d'Experience, et je sais que pas mal de groupes Lithium ont un public là-bas. Les Espagnols sont assez friands de toute cette vague de nouvelle chanson française. La personne qui nous fait jouer là-bas, nous fait jouer dans ce contexte-là. Maintenant pour ce qui est de jouer à l'étranger, compte tenu de la formule du groupe et des travers esthétiques que l'on produit sur scène, ça peut aussi se situer dans une autre branche que celle-là --la chanson intimiste à la Lithium. J'aimerais bien rentrer en contact avec des gens comme Acuarela par exemple. Même pas seulement en Espagne. Pour ce qui est de l'étranger, je sors aussi des trucs sur Active Suspension, enfin pour l'instant un morceau sur une compilation, et en termes de diffusion de ce morceau, on s'est aperçu qu'il était diffusé en Angleterre, en Hollande, aux Etats-Unis, au Canada. A la suite de ces diffusions sur ces radios où on ne s'attend pas à entendre de la chanson française, on a envoyé l'album, et ils ont passé des morceaux en français du disque, en les abordant sans doute comme des morceaux avec la même patte que l'instrumental sur la compil Active, mais avec une voix en français, et ça a pas l'air de les déranger plus que ça. Ecrire en français, c'est ce qui est le plus proche de moi je crois. Je vois pas ce que je fais comme un truc de chanson française pure et dure, donc j'ai l'espoir quelque part que ça soit pris pour autrechose ailleurs, que ça peut trouver un public à l'étranger, hormis les pays francophones. Ca se vérifie déjà, surtout avec la Hollande d'ailleurs, ce qui est assez surprenant.
J: ce qui est bien avec les musiques électroniques, justement c'est que ça a permis de mettre un peu fin au monopole anglo-saxon de diffusion internationale de la musique. Aujourd'hui les gens sont plus réceptifs et prêts à écouter d'autres choses, même en français, en espagnol, en n'importe quelle langue. Il y a eu une espèce d'ouverture avec la musique instrumentale qui se répercute même sur les trucs chantés par forcément en anglais.

Le choix d'une structure indépendante ne vous fait-il pas douter, face au mastodontes du music business ? Y a-t-il encore de la place économiquement pour de type de structure indépendante ?
J : Pour l'instant financièrement, ça reste toujours super bancal, mais on fait en sorte que ça se casse pas la gueule. On est assez prudent sur les dépenses. Il y a des réseaux pour tous les types de musique comme il y avait au début des années 90, ce qu'on appelait l'internationale indie-pop. Maintenant, ça fonctionne bien au niveau international pour les musiques électronica, post-rock. Il y a des réseaux comme ça, souterrains, représentés dans le monde entier qui permettent de diffuser dans le monde entier sans passer par les grands géants. Il y a toujours de la place, avec Internet maintenant, plein de possibilités pour les petits labels de se faire entendre et de diffuser un peu partout. Il y a des distributeurs, des passionnés partout, des fanzines, des mail-order, des sites Internet...
Y: je veux avouer un truc beaucoup plus terre à terre. En fait quand t'es dans un contexte où tu doit faire jouer 5 personnes sur scène et que tu dois commencer à organiser une tournée etc. Compte tenu du contexte actuel etc. le fait qu'il n'y ait pas d'autre structure pour l'accueil de groupes --et vraiment l'organisation de tournées consistantes qui soient vouées à t'accueillir-- que des trucs qui sont effectivement financées par des gros groupes, tu te poses souvent la question si tu vas pouvoir subsister en termes de logistique sans faire appel au moins partiellement à des licences d'album, des contrats d'édition, des choses comme ça, par exemple t'as pas vraiment d'éditeur indépendant, enfin peut-être j'm'en rends pas compte. Une boîte d'édition, ça doit fonctionner, ça fonctionne avec des gros financements, c'est lié à des trucs qui ne sont pas très simples comme ça. Je sais qu'il a pas mal de labels indépendants qui sont forcés --et c'est une réalité qu'il ne faut pas nier-- à faire appel partiellement à ce genre de choses. Donc y'a des possibilités de fonctionner comme ça. C'est aussi une façon pour les gros groupes de bouffer un peu tout ce qui passe. C'est un peu eux qui te mettent le couteau sous la gorge quand tu dois en passer par là. Mais c'est vrai qu'il est pas exclu qu'Encre, d'une certaine manière, se mette à fonctionner comme ça. Si on pouvait fonctionner avec une structure indépendante à tous les niveaux tout le temps, je serais complètement pour. Idéologiquement, je me situe vraiment dans une perspective comme celle-là. Tu t'aperçois en avançant --je ne m'en doutait pas au départ-- en termes de support logistique pour un tas de choses, ça demande quand même d'être sacrément costaud. Qui est-ce qui peut te fournir ça, à part [les grosses maisons]. C'est vraiment le dilemme dans lequel tu te situe, pragmatiquement parlant. Idéologiquement je sais très bien où je me situe. C'est toujours délicat de se maintenir à peu près stable comme le disais Julien. Alors je pense qu'à côté de ça il y a moyen de gérer à son avantage le support que peuvent te fournir les grosses boîtes. Je pense que c'est important de le dire plutôt que de tenir un discours "indie" limite excessif : "Jamais de la vie on fera appel à ça !". C'est beaucoup plus compliqué que ça en pratique pour un musicien et il faut vraiment en avoir conscience.

Un grand merci à Yann et Julien pour leur accueil.

Le premier album éponyme de Encre est sorti sur Clapping Music, distribution Chronowax.
Le site de Encre : encr.free.fr
Contact Clapping Music : clappingmusic@post.club-internet.fr

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